ÉCRIRE
Je me souviens de mon vieux dactylo. Malgré que cette lourde machine à écrire ne m'offrait pas les avantages des claviers informatiques, je me plaisais à la comparer à un ami sincère qui peut garder des secrets. Rien à voir avec une taupe des services de renseignements ou une complice de fraudeurs se retrouvant sur les réseaux sociaux. Avec elle, les rapports de ER MONDE étaient protégés des regards indiscrets et ne pouvaient se retrouver dans les vapeurs d'informations qui composent les nuages électromagnétiques servant à embrumer le cerveau des lecteurs. Pas question d'encourager les sanctions contre des manifestants, de devenir l'oeil de la surveillance, d'interdire l'accès au transport en commun ou à des parcs ou de soumettre à des inquisiteurs numériques des informations qu'il faudrait censurer. Le dactylo est amical. Les risques qu'il se détourne contre son propriétaire sont inexistants. Pour le clavier, en plus d'être incapable de tenir sa langue, il ne se gêne pas de copier notre passé, comme il le fait avec des textes, en pressant sur quelques touches, voire calciner l'histoire en transformant des citoyens en grosses torches de la bienséance. Je pense ici à ces quelques Ontariens qui ont brûlé près de 5000 livres, dont Nègres blancs d'Amérique (1968) de Pierre Vallières (1938-1998), en septembre 2021.
Comment découvrir du bon sens dans un tel comportement? Plus l'écriture s'exprime à travers l'instantané des I-Pad et des téléphones intelligents, plus on a l'impression que les mots ne font que traduire les maux d'une société qui rompt avec la raison. Ainsi, la destruction de livre s'est faite sous une certaine approbation du chef du NPD Jagmeet Singh et de son compagnon de jeu, le premier ministre Justin Trudeau. Honte ou fierté? Alors que cela est largement suffisant pour inciter les Peter Weller et Djamila Benhabib de ce monde à quitter le Canada, afin d'éviter la répression et la mort intellectuelle, il y en a aussi qui jouissent devant le spectacle, en rêvant de devenir les saigneurs d'une tyrannie d'imbéciles que George Orwell (1903-1950) a présentée dans son roman 1984, en pressant les clés de son dactylo:
«Il existait toute une suite de départements spéciaux qui s’occupaient, pour les prolétaires, de littératures, de musique, de théâtre et, en général, de délassement. Là, on produisait des journaux stupides qui ne traitaient presque entièrement que de sport, de crime et d’astrologie, de petits romans à cinq francs, des films juteux de sexualité, des chansons sentimentales composées par des moyens entièrement mécaniques sur un genre de kaléidoscope spécial appelé versificateur. Il y avait même une sous-section entière — appelée, en novlangue, Pornosex — occupée à produire le genre le plus bas de pornographie. Cela s’expédiait en paquets scellés qu’aucun membre du Parti, à part ceux qui y travaillaient, n’avait le droit de regarder».
C'était en 1949. Aujourd'hui, la télévision nous éteint lorsqu'on l'allume et nos grands médias séparent l'astrologie et la science par la liste des macchabées qui seront exposés à quelques centaines de mètres des viandes froides d'un super marché. Mais encore, tout cela baigne dans l'électricité qu'on transforme en ondes numériques et qui font naître des robots versificateurs pouvant composer de la musique ou écrire des textes à l'aide de programmes qu'on associe à l'«intelligence artificielle».Pour en arriver à quoi? À décider que si cet art se vend, on doit ouvrir des usines. Bref, un monde que personne ne veut, mais que beaucoup encouragent.
Écrire fait mal
Peu importe qui et pourquoi, cela forge un élitiste qui reproduit une monarchie de l'art au service de la cour du roi. Ainsi, on ne traite plus de l'oeuvre mais des liens de sang d'un auteur à travers des vénérations identitaires, raciales, familiales ou autres. Tout ce qu'il faut pour transformer l'art en un divertissement aliénant qui ne cesse de devenir de plus en plus bête, à mesure que notre société se rapproche des tyrannies, alors que l'écriture devrait soutenir nos droits, notre démocratie et la liberté d'expression, afin de nous libérer des dogmes politiques, économiques, culturels et religieux qui nous étranglent.
Les mots nourrissent l'esprit du peuple et menacent les imbéciles. Dans les années 70, lors du règne de Pierre Elliott Trudeau (1919-2000) en tant que premier ministre du Canada, le Conseil de la radio-télévision canadienne (CRTC) désirait poser son regard sur les «médias écrits» pour s'assurer d'un contrôle de l'information. Selon Derrière l'information officielle (2012) du journaliste Claude Jean Devirieux (1931-2016), ce projet n'aurait pas abouti à cause des contestations de journalistes québécois. Dans le cas contraire, la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) n'aurait pas eu besoin de voler un manuscrit concernant le Front de libération du Québec (FLQ) dans l'appartement de Devirieux, ou saisir le livre Conspiration ((1977) d'André Fontaine (1926-2005). Ajoutons que ces tentatives d'effacer des livres et des auteurs devraient nous rappeler que les mots sont un appel à la délivrance. Que la plume permet de démocratiser la création et a critiqué l'imposture, plutôt qu'à adhérer au rang des élites de potiniers qui rêvent d'encadrer le droit à la liberté de créer! Malheureusement, la guerre contre le savoir utilise plusieurs armes. Lorsque ce n'est pas la censure, elle se trame à travers une polarisation de l'opinion publique qui décrète que les solutions à nos problèmes doivent être décidées en fonction des intérêts économiques. Rien de moins qu'une raison suffisante pour méditer sur ces petits mots de Jacques Ferron (1921-1985), un auteur, dramaturge,médecin, journaliste et fondateur du Parti Rhinocéros:
«Le livre est le haut lieu de la contestation et il le restera»
Cela implique beaucoup de travail, des remises en question, des sacrifices et une grande part d'inspiration qui emprunte des routes insoupçonnées; parfois des rêves, des synchronismes, de rencontres imprévues, ou simplement d'avoir la possibilité d'être seul avec son Wogmob pour écrire quelques mots. C'est aussi oser d'autres avenues. Dans mon cas, je me suis amusé à quelques reprises à ajouter des codes en guise de récompense du travail accompli. Pour créer, il faut aussi gérer la douleur. Comme la plupart des arts, écrire fait mal. Pour éviter de souffrir inutilement, il faut tenter d'être soi-même. Dans mon cas, j'ai tendance à vouloir accompagner des sujets lourds par de l'humour. Je tente aussi de mon mieux d'honorer les personnes qui luttent pour leurs droits. J'insiste par contre sur le respect des règles morales. Cela implique le refus de promouvoir des fausses nouvelles autant que de croire qu'on peut changer le monde en manifestant.
Mais encore, avec l'arrivée de la grosse maladie, certains ont découvert que nous pouvions souffrir sans créer. Ce qui m'intrique est que cette souffrance, cette torture si vous préférez, aurait dû élargir notre esprit, ou du moins nous aider à comprendre qu'en dehors du mondialisme et de ses nombreux serfs, il y a l'objectif d'une gouvernance mondiale qui s'attache au religieux. En fait, la souffrance ne semble pas avoir servi la création, malgré que le Forum économique mondiale (FEM), le réseau d'influences qui prône un monde meilleur au sein d'une gouvernance mondiale, se présente à travers un logo qui rappel la Bête de l'Apocalypse 13 concernant un culte satanique mondial sans argent, associé au nombre 666.
La viande
Nous avons perdu la raison de l'art, dont celle qui consiste à exprimer le réel pour mieux nous situer. Et plus on découvre l'effritement, plus on craint les représailles et plus on pond des réactions. Ma dernière fut lors de l'écriture de Le réseau de la CIA, un ouvrage que j'offre en format PDF en attendant qu'il soit terminé et fermé. Dans ce document, je précise que Jagmeet Singh et Justin Trudeau, ces deux illustres politiciens canadiens qui croient à un certain bon sens dans le geste des brûler des livres, sont aussi des bons compagnons du FEM, une création de la CIA, comme de nombreux autres politiciens. En plus d'être à la solde d'un élitisme culturel, afin de détourner l'art à des fins de propagandes, ils croient que les écrivains ne devraient pas consommer de la viande noire. Pour eux, l'encre devrait exclusivement provenir du sang noirci d'humains. Une politique appliquée par le financement de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, afin de faire croître la production d'encre servant à l'impression de «journaux stupides qui [traitent] presque entièrement de sport, de crime et d’astrologie [envoyés] en paquets scellés».
Cette même viande noire nous rappelle qu'une grosse quantité d'encre sert à articuler des cadavres et a les faire parler, souvent au détriment de la voix des vivants. Les guerres, les meurtres, les accidents et les catastrophes dictent des millions de mots, par le pourrissement charnel qu'ils provoquent. Et une fois que l'on comprend l'implication de l'écrivain dans ce cercle infernal, on finit par se dire que le summum de l'art littéraire consiste à trouver la bonne suite de mots pouvant faire flamber le corps des macchabées, en élevant l'odeur de la viande rôtie vers le ciel. Et après, nous pourrons nous vanter d'avoir sauvé la planète. Autrement, si nous désirons rester fidèles à son Wogmob, cela pourrait devenir un acte mortuaire. Nous en avons des exemples avec les neuf victimes qui se retrouvaient au service de ER Monde.
Pour les autres, levons nos vers, avant qu'ils se transforment en mouches, afin de saluer celles et ceux qui se mettent au service de l'information, parfois au point d'en payer le prix. Parmi les exemples il y a le travail d'information concernant l'identité numérique de l'essayiste Sylvie Bergeron qui est derrière Connexion-U. Il y a aussi les textes inquiétants d'Isabelle de Conscience du peuple et ceux de la journaliste Julie Lévesque.
Prenez la parole
Vous avez aussi des mots à écrire? PH7 vous offre la chance de réagir par un texte faisant entre 4 et 20 pages. Envoyez-le par courriel en vous assurant qu'il soit corrigé, en format Word (.doc) ou HTML et qu'il respecte la politique éditorialiste de PH7. Vous pourrez ainsi joindre Fidel Castro (1926-2016) et blanchir gratuitement votre réputation d'extrémiste de droite qui fraye avec des socialistes néonazis staliniens de l'extrême gauche. Une tendance très étasunienne qui fait que Montréal va toujours se tenir en marge, en interdisant le virage à droite aux feux rouges, pour ne pas envenimer la confusion.
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