Auteurs
Si vous écrivez des textes de 4 à 20 pages qui cadrent avec la politique éditoriale de PH7 (pas de banalité), Écrivez-vous vous offre la chance d'être lu. C'est aussi pour vous une occasion pour laver votre réputation d'être une personne «extrémiste de droite» qui n'aime pas manger du poulet, les gens civilisés et la plage, en vous retrouvant sur la même page que Fidel Castro (1926-2016), le révolutionnaire et ex-chef d'état de Cuba.
Je ne suis pas du genre à me vanter, mais Fidel Castro et PH7 marchent main dans la main depuis août 2010. Cela s'est fait par l'intervention de l'Aut'Journal, le média qui a publié le texte ici-bas, et l'ambassade cubaine de Montréal, son diffuseur. Un texte qui a les défauts de ses qualités, puisque malgré qu'il aborde avec passion l'oeuvre de Daniel Estulin, 'un auteur espagnole qualifié de «complotiste», Fidel Castro évite de livrer son opinion en tant que Chef de Cuba, lui qui a vécu de nombreuses tentatives d'assassinats. Ce texte est aussi un complément du Livre amer en revenant sur le Tavistock Institute (pages 69 (67), 212 et 213) et Daniel Estulin (page 110).
Il vous tente. Vous pouvez l'accompagner d'une petite chanson dédiée à Fidel et une autre à Ermesto (Che) Guevera (1928-1967), son acolyte de la révolution cubaine de 1959. Et si vous en voulez encore plus, Les Nouvelles de l'Interzone d'octobre 2014 vous offrent un petit clin d'oeil sur cette période de notre histoire à travers le regard du journaliste André Fontaine (1926-2005).
Robert Charlebois - Mon ami Fidel
Victor Jara & Compay Segundo - Hasta siempre Comandante Che Guevara
Le
gouvernement mondial (I)
par Fidel Castro
J’ai écrit dans mes Réflexions d’il y a deux jours, le 15 août, commentant un article du journaliste cubain Randy Alonso, directeur du programme «La Table ronde» de la télévision cubaine, sur une réunion tenue à l’hôtel Dulces de Sitges par ce qu’il appelle le Gouvernement mondial : «D’autres journalistes honnêtes suivaient comme lui les nouvelles qui parvenaient au compte-goutte de cette curieuse rencontre. Quelqu’un de bien mieux informé qu’eux suivait la piste de ces rencontres depuis de nombreuses années.»
Je voulais parler de Daniel Estulin. 475 pages de vingt lignes chacune m’attendaient pour me plonger dans l’histoire fantastique qu’il raconte, à supposer que l’un quelconque des participants à cette réunion ait le front de nier sa présence là ou sa participation à tout ce que raconte cet ouvrage.
Daniel Estulin est un essayiste et conférencier espagnole d'origine russe qui enquête depuis de nombreuses années sur le groupe Bidelberg. Il est associé par ses détracteurs à un «auteur complotiste» et à un proche de «l'extrême droite américaine».
Tout ce que je puis faire dans ces Réflexions, que je diviserai en deux pour qu’elles ne soient pas trop longues, c’est inclure un certain nombre de paragraphe que j’ai sélectionnés pour donner une idée de cet ouvrage fabuleux intitulé Los Secretos del Club Bilderger. Estulin y pulvérise les grand gourous : Henry Kissinger, George Osborne, les directeurs de Goldman Sachs, Robert Zoelic, Dominique Strauss-Kahn, Pascal Lamy, Jean-Claude Trichet, Ana Patricia Botín, les présidents de Coca-Cola, de France Telecom, de Telefónica de España, de Suez, de Siemens, de Shell, de British Petroleum, et d’autres politiciens et magnats des finances de cet acabit.
Estulin commence par fouiller aux racines:
«Pendant deux dimanches de suite, ce qui est sans précédents – nous raconte Donald Phau dans The Satanic Roots of Rock – plus de soixante-quinze millions d’Etasuniens virent comment les Beatles remuaient la terre et se dandinaient selon un rituel qui allait vite être copié par des centaines de groupes de rock.»
L’homme chargé de «faire aimer» les Beatles aux Étasuniens était Walter Lippmann. Les Beatles, le groupe le plus parodié et imité de l’histoire de la musique, furent exposés devant le public étasunien pour être découverts.
L’un des têtes de chapitre initiales s’intitule «Theo Adorno entre en scène».
La responsabilité d’élaborer une théorie social du rock’n roll fut confiée au sociologue, musicologue et compositeur allemand Theodor Adorno, "l’un des principaux philosophes de l’École de Francfort de recherche sociale…" Il fut envoyé aux USA en 1939 pour diriger le projet de recherche de la radio de Princetown, un effort conjoint du Tavistock et de l’Ecole de Francfort visant à contrôler les masses, financé par la Fondation Rockefeller et dirigé par l’un des hommes de confiance de David Rockefeller, Hadley Cantril…
À gauche, Walter Lippmann (1889-1974), un écrivain et journaliste étasunien de gauche qui est l'auteur de Public Opinion (1922), livre qui traite de la manipulation de l'opinion publique à l'origine de l'expression «fabrique du consentement». À droite, Theodor W. Adorno (1903-1969), un philosophe, sociologue, musicologue et compositeur allemand socialiste qui a introduit la notion «industrie culturelle». Il est aussi le principal représentant de l'École de Francfort qui milite pour que l'esthétique musical et la critique de la société de consommation et du capitalisme.
De fait, les nazis avaient utilisé intensivement la propagande radiophonique pour laver les cerveaux et en avaient fait un facteur intégrant de l’Etat fasciste. Les réseaux du Tavistock avaient observé et étudié ce phénomène et l’avaient largement utilisé dans leurs propres expérimentations. L’objectif de ce projet, comme cela est expliqué dans Introduction à la sociologie de la musique, d’Adorno, était de «programmer une culture "musicale" de masse comme forme de contrôle social massif…»
«Les chaînes de radio devinrent des machines qui recyclaient vingt-quatre heures par jour les quarante plus gros tubes.»
Les Beatles arrivèrent aux USA en février 1964 quand le mouvement des droits civils était à son apogée. Le pays vivait un profond traumatisme national et se remettait du brutal assassinat du président John F. Kennedy… Dans les rues de la capitale, le mouvement des droits civils, conduit par Martin Luther King, convoquait une manifestation à laquelle accoururent plus d’un demi million de personnes.
De 1964 à 1966, ce qu’on appela l’invasion britannique fut l’éclosion d’une série de chanteurs et de groupe de rock de Grande-Bretagne qui devinrent populaires aux États-Unis et assiégèrent la culture étasunienne. […] fin 1964, la preuve était faite que cette «invasion anglaise» avait été bien planifiée et coordonnée.
«Ces groupes nouvellement créés et leur style de vie… se convertirent en un nouveau "type (jardon du Tavistock) très visible", et il ne s’écoula guère de temps avant que de nouveaux styles (mode vestimentaire, chevelure et utilisation du langage) n’entraînent des millions de jeunes Étasuniens vers le nouveau culte. La jeunesse des USA souffrit une révolution radicale sans même en être consciente… réagissant de forme erronée aux manifestations de cette crise qui étaient les drogues de nouveau type, d’abord la marihuana puis l’acide lysergique (LSD), un puissant stupéfiant qui troublait l’état de conscience. […] On peut être sûr au quartier général du M-16 à Londres et au siège de la CIA à Langley (Virginie) que le renseignement britannique et sa filiale , le Bureau des services stratégiques étasuniens, furent directement impliqués dans une recherche secrète visant à contrôler la conduite humaine. Allen Dulles, le directeur de la CIA à ses débuts, MK-Ultra, était le chef de l’OSS à Berne (Suisse), durant la première époque de la recherche de Sandoz.
…aux USA et en Europe, les grands concerts de rock en plein air furent utilisés pour freiner le mécontentement croissant de la population.
L’offense lancée par Bilderberg-Tavistock poussa toute une génération sur le chemin pavé de briques jaunes du LSD et de la marihuana…
Aldous Huxley entre en scène
Le grand prêtre de la guerre de l’opium anglaise fut Aldous Huxley, le petit-fils de Thomas H. Huxley, fondateur du groupe de la Table ronde de Rhodes, et célèbre et éloquent biologiste qui aida Charles Darwin à développer la théorie de l’évolution.
Toynbée, formé à Oxford… fut délégué britannique à la Conférence de la paix, tenue à Paris en 1919. Son tuteur à Oxford fut H. G. Wells, directeur du renseignement britannique durant la première Guerre mondiale, et père spirituel de la Conspiration du Verseau. Aldous Huxley fut un des initiés aux Fils du Soleil, un culte dionysiaque auquel participaient les fils de l’élite de la Table ronde britannique. Son roman le plus célèbre, Le meilleur des mondes, est le brouillon (chargé par plusieurs conseils mondiaux) d’un monde socialiste véritable de l’avenir sous un gouvernement unique, ou, comme son mentor fabien, H. G. Wells le dit dans le titre d’un de ses romans populaire, le brouillon du Nouvel Ordre mondial…
Le travail d’Huxley
Dans Le meilleur des mondes, Huxley se centra sur la méthode scientifique pour maintenir toutes les populations hors de l’élite minoritaire à un état quasi permanent de soumission et d’amour de leurs chaînes. Les outils principaux pour y parvenir étaient des vaccins qui modifiaient les fonctions du cerveau et des médicaments que l’État obligeait la population à prendre. De l’avis de Wells, ce n’était pas là une conspiration, mais plutôt «un cerveau mondial travaillant comme la police de l’esprit».
En 1937, Huxley déménagea en Californie où il travailla comme scénariste pour MGM, Warner Brothers et Walt Disney grâce à l’un de ses contacts à Los Angeles : Zeitlin. […] «Bugsy Siegel, le chef de l’organisation Lansky de la mafia pour la côte Ouest avait des liens étroits avec Warner Brothers y MGM.»
De fait, l’industrie du spectacle – production, distribution, marketing et publicité – est sous le contrôle d’une mafia qui est née de l’union de la criminalité organisée et d’escrocs de haut niveau de Wall Street, qui sont contrôlé en ultime instance par la toute-puissante Bilderberg. L’industrie du spectacle est conçue à la manière de n’importe quelle autre “ligne d’affaire” de la Bilderberg et de ses séides.
En 1954, Huxley publia une étude retentissante sur l’expansion de la conscience par l’utilisation de la mescaline, les Portes de la perception, le premier manifeste de la culture des drogues psychédéliques. En 1958, il réunit la série d’essais qu’il avait écrits pour Newsday sous le titre de Retour au meilleur des mondes, dans lesquels il décrivait une société où «le premier objectifs des gouvernants est d´éviter à tout prix que les gouvernés causent des problèmes».
Il prédit que les démocraties changeraient d’essence : les vieilles et curieuses traditions – élections, parlements, cours suprêmes – resteraient, mais leur substrat serait le totalitarisme non violent. […] En attendant, l’oligarchie dirigeante et son élite bien entraînée de soldats, de policiers, de fabricants de pensée et de manipulateurs de cerveaux dirigeaient tranquillement le monde à leur guise. De fait, cette description d’Huxley s’ajuste parfaitement à la situation actuelle. En septembre 1960, Huxley fut nommé professeur invité du Centennial Carnegie au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston. Il fut renvoyé au bout d’un semestre. «Durant son séjour dans la ville, Huxley créa un cercle à Harvard…»
Le thème public de ce cercle ou séminaire d’Harvard fut la religion et sa signification dans le monde moderne. […] Michael Minnicino, dans un article publié par la revue The Campaigner d’avril 1974 […] affirme : «Huxley noua des contacts durant son séjour à Harvard avec le président de Sandoz, qui travaillait à son tour, commissionné par la CIA, à produire de grandes quantités de LSD et de psilocybine (une autre drogue de synthèse hallucinogène) pour MK-Ultra, l’expérimentation officielle de la CIA de la guerre chimique», une expérimentation au cours de laquelle des êtres humains servirent de cobayes et en moururent souvent, et dans laquelle le LSD était fréquemment utilisé. […]
Par ailleurs, l’Université McGill de Montréal (Canada), un des établissements d’enseignement supérieur liés au groupe Bilderberg, fit aussi des expérimentations dans les années 60 dans le cadre du programme MK-Ultra, sous les auspices d’un fasciste dégénéré du Tavistock, John Rees, les victimes en ayant été des enfants d’orphelinats locaux qu’on torturait puis auxquels on administrait ensuite différentes doses de LSD. […] Selon des documents récemment déclassés par la CIA (au titre de la Loi sur la liberté d’information), Allen Dulles (alors directeur de la CIA), acheta plus de cent millions de doses de LSD, «dont beaucoup terminèrent dans les rues des USA à la fin des années 60», selon ce qu’affirme Minnicino dans l’article susmentionné.
Des milliers d’étudiants servirent de cobayes et commencèrent aussitôt à synthétiser leurs propres «acides».… à«l’immense majorité de ceux qui protestaient contre la guerre entrèrent dans Students for a Democratic Society à cause de la sensation d’outrage que provoquait la situation au Vietnam. Mais, une fois attrapés dans le climat créé par les experts en guerre psychologique de l’Institut Tavistock, et inondés par le message selon lequel l’hédonisme et la défense du pays étaient une alternative légitime à la guerre «immorale», ils oublièrent leur échelle de valeurs et leur potentiel créatif dans un «nuage de fumée de haschich», comme l’écrit l’auteur de la monographie susmentionnée.
Créer la contre-culture
La «guerre» culturelle ouverte, bien que non déclarée, contre la jeunesse étasunienne éclata pour de bon en 1967, quand le groupe Bilderberg, pour atteindre ses objectifs, commença à organiser des concerts en plein air. Il parvint par cette arme secrète à attirer plus de quatre millions de jeunes à ces «festivals». Sans le savoir, les jeunes se convertirent en victime d’une expérimentation parfaitement planifiée à partir de drogues à grande échelle. Les drogues hallucinogènes […] dont les Beatles prônaient la consommation […] étaient distribuées librement à ces concerts. Très vite, plus de cinquante millions de ceux qui y assistèrent (ils avaient alors de dix à vingt-cinq ans) rentrèrent chez eux convertis en messagers et promoteurs de la nouvelle culture des drogues ou de ce qu’on finit par connaître comme le «New Age».
Le plus grand concert de tous les temps à l’air libre, le «Woodstock Music and Art Fair», fut qualifié par la revue Time comme un «festival du Verseau» et comme «le plus grand spectacle de l’histoire». Woodstock fit partie du lexique culturel de toute une génération.
A Woodstock – écrit le journaliste Donald Phau – presque un demi million de jeunes se réunirent pour qu’on les drogue et qu’on leur lave le cerveau dans une ferme. Les victimes étaient isolées, entourées d’immondices, bourrées de drogues psychédéliques, et on les maintint éveillées pendant trois jours, tout ceci avec la complicité totale du FBI et de hauts fonctionnaires du gouvernement. La sécurité du concert fut fournie par une communauté hippie entraînée à la distribution massive de LSD. Ce fut de nouveau les réseaux du renseignement militaire britannique qui initièrent tout», avec l’aide de la CIA par l’intermédiaire de son ancien directeur, William Casey, et de ses contacts avec Sefton Delmer du MI6, dont le contact Bruce Lockhardt fut chargé de contrôler Lénine et Trotski durant la révolution bolchevique.”
Il faudrait attendre une nouvelle décennie pour que la contreculture s’intègre au vocabulaire étasunien. Mais c’est là que furent semées les graines de ce qui était un projet secret titanesque visant à invertir les valeurs étasuniennes. Le sexe, les drogues et le rock’ and roll, de grandes manifestations dans toute la nation, des hippies, des toxicomanes qui abandonnaient leurs études, la présidence de Nixon et la guerre du Vietnam déchiraient la trame même de la société étasunienne. Le vieux et le neuf se heurtaient de face sans que personne soit conscient que ce conflit faisait partie d’un plan social secret, conçu par certaines des personnes les plus brillantes et les plus diaboliques au monde.
La Conspiration du Verseau
«Au printemps de 1980 – écrit Lyndon LaRouche dans DOPE INC. – un livre intitulé The Aquarian Conspiracy (vendu à plus d’un million d’exemplaires et traduit dans dix langues) se convertit du jour au lendemain en un manifeste de la contre-culture.» […] Selon The Aquarian Conspiracy, il était temps que les quinze millions d’Étasuniens qui avaient pris part à la contre-culture s’unissent pour provoquer un changement radical aux USA. De fait, ce livre fut la première publication ciblant le grand public qui misait sur le concept de travail en équipe, un concept considéré comme le plus vertueux et rapidement impulsé par les «gourous du management».
L’auteure, Marilyn Ferguson affirmait: «Tout en ébauchant un livre encore sans titre sur les nouvelles alternatives sociales émergentes, j’ai pensé à la forme particulière de ce mouvement, à son leadership atypique, à l’intensité patiente de ses partisans, à ses succès improbables… »
À une conférence de 1961, Aldous Huxley avait décrit cet Etat policier comme «la révolution finale» : une «dictature sans larmes » sous laquelle le gens «aiment leurs chaînes».
Zbigniew Brzezinski, conseiller à la sécurité nationale du président Carter, fondateur de la Commission Trilatérale et membre du groupe Bilderberg et du CFR, formule des vues identiques dans son passionnant Between Two Ages: America’s Role in the Technotronic Era, écrit sous les auspices de l’Institut de recherche sur le communisme de l’Université de Columbia, et publié par Viking Press en 1970.
Sans recourir à la répression violente, ils ont mis au point une série d’actions complexe pour obtenir un «citoyen pacifique» pour le Nouvel Ordre mondial. […] Ils ont aussi appuyé de nouveaux concepts comme «l’intelligence émotionnelle», autrement dit la capacité de s’aimer soi-même et de se lier adéquatement aux autres. […] Une troisième voie pour convertir ce «citoyen industriel» en un «citoyen pacifique» est une grande campagne de marketing visant à garantir une immense reconnaissance sociale à ceux qui collaborent avec les ONG, comme je l’ai expliqué dans mon premier livre La verdadera historia del Club Bilderberg.
Selon Harmon:
«Une fois ramollis, [les USA] étaient mûrs pour l’introduction de drogues (en particulier la cocaïne, le crack et l’héroïne) et le début d’une époque qui allait rivaliser avec la prohibition et avec les énormes sommes d’argent qui commenceraient à s’amasser.»
Il vaut la peine de signaler que des longs passages des trois mille pages de «recommandations» données par le CFR au président élu Ronald Reagan en janvier 1981 se basaient sur le rapport «Les images changeantes de l’homme» de Willis Harmon.
Par une nuit de pleine lune, le 8 décembre 1980, John Lennon fut assassiné par un certain Mark Chapman. Il est peu probable que nous parvenions à savoir un jour si Mark Chapman était victime d’une psychose modèle induite artificiellement, si c’était un assassin dans le style du «candidat manchou» envoyé par le Tavistock, la CIA ou le MI6 pour faire taire un Lennon de plus en plus difficile à contrôler.
John Lennon quelques jours avant qu'il soit assassiné le 8 décembre 1980.
CHAPITRE 2
La parfaite machine à laver le cerveau: MTV, la télévision
de la musique, entre en jeu.
MTV, une chaîne privée de musique populaire, de rock et de vidéos musicaux, inventée et dirigée par Robert Pittman et ciblée sur un public d’adolescents et de jeunes, a été fondée le 1er août 1981. Elle fait partie aujourd’hui de l’empire Viacom (connu comme CBS Corporation, dont le président directeur général, Sumner Redstone, est membre à part entière du CFR et qui fait partie du Club Bilderberg). Pour toucher ces jeunes sans que la société ne se rende compte de la tromperie, il a fallu «disposer d’une contre institution qui prônerait des valeurs contraires aux valeurs dominantes dans la société».C’est justement ce que fait MTV. «Mais pour que cet effort aboutisse – affirme L. Wolfe – il faut neutraliser ou, du moins, affaiblir l’influence positive des parents et de l’école.
«Le modèle à cet égard furent les spectacles théâtraux offerts par le pré nazi Richard Wagner, durant lesquelles on conduisait le public à une sorte d’extase, ce qui fut utilisé ensuite sciemment par les nazis quand ils créèrent leurs propres célébrations symboliques, comme les réunions de Nuremberg.» Les spécialistes du lavage du cerveau qui créèrent MTV étaient très conscients de ses effets. E. Ann Kaplan affirme dans un livre sur cette chaîne, Rocking Around the Clock, que MTV «hypnotise plus que toute autre, parce qu’elle consiste en une série de textes courts qui nous maintiennent dans un état d’émotion et d’attente constant… Nous sommes attrapés dans l’espoir constant que la vidéo suivante nous satisfera enfin. Séduits par la promesse de la plénitude immédiate, nous continuons de consommer à l’infini ces textes cours.»
Durant les quatre minutes que dure en gros une vidéo musicale (les scientifiques du Tavistock ont déterminé que c’était là la durée maximale où un sujet involontaire était susceptible de recevoir les messages contenus dans ces programmes), «une réalité artificielle sous forme de "contrepoints" s’insère dans la conscience, se substituant à la réalité cognitive…»
«Si les gens y pensaient – écrit Walter Lippmann – cela pourrait prendre fin, mais, conclut-il, la masse d’illettrés, de débiles mentaux, d’individus profondément névrotiques, dénutris et frustrés est si considérable qu’il y a des raisons de croire bien plus que ce qu’on croit généralement. Ainsi donc, ceci est mis à la portée de gens qui, mentalement, sont des enfants ou des barbares, et dont les vies sont extrêmement embrouillées, et qui choisissent des contenus simples à grand attrait populaire…» […] Dans Crystallizing Public Opinion, Edward Bernays a affirmé que «le citoyen moyen est le censeur le plus efficace au monde. Son esprit est la meilleure barrière qui le sépare des faits.»
Le spectateur victime d’un lavage de cerveau conserve l’illusion qu’il est capable de choisir, tout comme le drogué croit contrôler sa dépendance, et non l’inverse. Ann Kaplan écrit : «MTV est conçue à partir d’une maîtrise de plus en plus grande des méthodes de manipulation psychologique.» […] La consommation moyenne quotidienne de télévision n’avait cessé de s’accroître depuis l’apparition de la télévision, si bien qu’elle était, dès le milieu des années 70, l’activité quotidienne à laquelle les gens consacrait le plus de temps, après le sommeil et le travail, à raison de presque six heures. Depuis, avec l’apparition du magnétoscope, des lecteurs de vidéo, cette moyenne a beaucoup augmenté. Les écoliers passaient presque autant de temps devant leur téléviseur que dans leur lit.
Selon Emery, «pour reprendre la terminologie freudienne du lavage de cerveau, le spectateur d’une vidéo musicale est dans un état induit très semblable au sommeil. L’apparition répétitive de couleurs et d’images brillantes qui obnubilent l’aide ou l’induit à entrer dans cet état, tandis que le rythme de pulsations et de vibrations du rock a un effet semblable sur l’ouïe.» Nous sommes non seulement à une époque de télévision, mais aussi à une époque conditionnée par la télévision – et c’est une époque d’angoisse, de mécontentement, de frustration, allant nulle part ou partout à la fois, comme il est logique dans un environnement où [la TV] est omniprésente.
Les cliques et les lobbyistes sinistres du groupe Bilderberg, les milieux clandestins d’influence et de manipulation conscientes et intelligentes des habitudes organisées constituent l’expression la plus récente d’une campagne de manipulation plus profonde pour instaurer un gouvernement mondial sans bornes et ne répondant qu’à lui-même.
…les principaux succès vendus à dessein à une population démoralisée en faveur du fondamentalisme fanatique d’un groupe de personnes ne répondant devant rien et cherchant le pouvoir absolu au prix de la dignité de l’homme moderne, dénigré, humilié et méprisé par les pouvoirs combinés de l’appareil de manipulation et de lavage du cerveau de Bilderberg-CFR-Tavistock avec son équipe de scientifiques, de psychologues, de sociologues et de scientifiques de la nouvelle science (New Age, mysticisme, etc.), anthropologues et fascistes décidés à recréer un nouvel empire romain.
Ce furent d’abord Edward Berneys et Walter Lippmann. Puis, Gallup et Yankelovich. Plus tard, Rees et Adorno, Aldous Huxley et H. G. Wells, Emery et Trist, suivis de la culture des drogues et de la Conspiration du Verseau, un prétendu idéal «humaniste» en faveur de la vieille culture, saupoudré d’un zeste de liberté humain, alors qu’il s’agit en fait d’une manière intelligente de dégrader le gens pour en faire de simples animaux de ferme, en lui niant l’originalité de la conscience humaine, et à même de se comprendre partout sans besoin de traduction.
Le Nouvel âge sera un Nouvel âge sombre. Il signifiera la mort prématuré d’un peu plus de la moitié de la population, et l’oubli délibéré des meilleurs acquis de l’humanité. Telle est l’idéologie totalitaire que prône le Nouvel Ordre mondial, décidé à gouverner le monde, même sur nos cadavres. […] Pourquoi vaut-il la peine de défendre notre civilisation ? Pourquoi un régime basé sur la liberté est-il meilleur que les tyrannies qui oppriment aujourd’hui une bonne partie de la planète ? Pour beaucoup, les réponses à ces questions vont de soi, mais pour beaucoup, non.
CHAPITRE 3
Comment et pourquoi le club Bilderberg a-t-il organisé la
guerre au Kosovo
Cette fois-ci, c’était le tour aux Balkans. Le «plan directeur» avait été conçu durant la réunion que les membres du Club Bilderberg avaient eue en 1996 au King City, une petite enclave de luxe située à une vingtaine de kilomètres de Toronto (Canada). […] les guerres des membres du Club Bilderberg au Kosovo et dans les Balkans eurent un motif concret : drogues, pétrole, richesse minière, faire avancer la cause du «gouvernement mondial».
Les USA et l’Allemagne commencèrent à appuyer les forces sécessionnistes en Yougoslavie après la chute du communisme dans l’ancienne Union soviétique, quand la Fédération yougoslave refusa d’être incorporée dans l’orbite occidentale. John Pilger, un journaliste australien bien coté qui enquête sur les guerres, a écrit dans The New Statesman : «Milosevic était un idiot ; mais c’était aussi un banquier qui avait été considéré à un moment donné comme un allié de l’Occident prêt à mettre en œuvre des "réformes économiques" conformes aux exigences du FMI, de la Banque mondiale et de l’Union européenne ; à son grand dam, il refusa de céder en matière de souveraineté. L’Empire n’en attendait pas moins. » Selon Neil Clark, un journaliste spécialiste du Moyen-Orient et des Balkans, « plus de 700 000 entreprises yougoslaves étaient encore sous propriété sociale, et la plupart étaient contrôlées par des commissions paritaires directeurs travailleurs, et seul 5 p. 100 du capital étaient en des mains privées.»
Sara Flounders, une activiste et journaliste proche du Parti mondial des travailleurs, un mouvement pacifiste international, a écrit dans un article : « …les conditions d’octroi de crédits de la part du Fonds monétaire international et de la Banque mondial exigent la désintégration de toutes les entreprises publiques. C’est le cas du pétrole et du gaz naturel dans le Caucase et sur la Mer caspienne, ainsi que des mines de diamant de Sibérie. Quiconque possède ou domine un intérêt dominant […] sera le vainqueur de la lutte armée en cours au Kosovo. La domination de l’OTAN sur le terrain mettra les entreprises étasuniennes dans la meilleure position pour s’emparer de ces ressources.»
Les membres du Club Bilderberg prétendaient au début «allumer» les Serbes en poursuivant les criminels de guerre qu’ils abritaient, en les conduisant devant un nouveau tribunal international. Les Serbes, fiers et expérimentés, esquivèrent cette provocation en persuadant les suspects du plus bas niveau de se livrer volontairement. Mais ce n’était pas suffisant. Pour exciter les Serbes et les pousser à la guerre, le tribunal de La Haye contrôlé par les USA recourut à des enlèvements illégaux.
Ceci expliquerait aussi pourquoi Richard Holbrooke, l’ambassadeur étasunien à l’ONU de 1999 à 2001, membre du Club Bilderberg et du CFR, et six fois candidat au Prix Nobel de la paix, a inséré une clause sur le Kosovo dans l’accord final. Qu’est-ce que le Kosovo avait à voir avec la Bosnie ? Rien. Mais l’idée d’Holbrooke était de convertir la Bosnie en en ballon d’essai de la future expansion du Club dans les Balkans.
En quête d’une excuse : William Walker entre en scène
Comme l’explique John Laughland dans son article : « La technique d’un coup d’État », William Walker était membre du CFR et « ancien ambassadeur en El Salvador, dont le gouvernement, appuyé par les États-Unis, avait implanté des escadrons de la mort ». En 1985, Walker était sous-secrétaire d’État adjoint pour l’Amérique centrale et un agent clef dans les tentatives de la Maison-Blanche, sous Reagan, de renverser le gouvernement nicaraguayen. Le lieutenant-colonel Oliver North, nommé membre du Conseil de sécurité nationale début 1981 et renvoyé le 25 novembre 1986, était le fonctionnaire de l’administration Reagan le plus impliqué dans l’aide secrète aux contras grâce aux profits que laissaient les ventes d’armes à l’Iran.
Selon son dossier judiciaire, Walker fut chargé de mettre en place une fausse opération humanitaire sur la base militaire d’Ilopango (El Salvador), qui était utilisée secrètement pour fournir des armes, de la cocaïne, des munitions et des provisions aux mercenaires contras qui attaquaient le Nicaragua.
Walter, qui avait fourni de armes aux contras au Nicaragua et qui était devenu maintenant un observateur de la paix, déclara à la presse mondiale que la police serbe était coupable du « massacre le plus horrible » qu’il avait jamais vu. Les Serbes, qui avaient évité jusque-là habilement les provocations de l’OTAN et du Club Bilderberg, étaient tombés. Le «massacre» fut le prétexte de l’intervention. Le 30 janvier, le Conseil de l’OTAN autorisa le bombardement. Et le Club ordonna à son secrétaire général, Javier Solana, d’ «user la force armée pour obliger les délégués serbes et d’ethnie albanaise aux négociations de "paix" en France à parler d’un accord-cadre pour l’ "autonomie" du Kosovo.
Le 4 août, The Washington Post citait un «haut fonctionnaire du département étasunien de la Défense selon lequel une seule chose pourrait provoquer un changement de politique : "Je pense que si les atrocités atteignaient des niveaux insupportables, ce serait probablement un détonateur."»
En guise de référence historique utile, il faut rappeler que les Serbes ont été victime des pires actions d’épuration ethnique, comme les 200 000 ou plus qui furent liquidés dans la région de Krajina, en Croatie, durant l’Opération Tempête appuyée par les USA en 1995, ou les 100 000 ou plus qui furent éliminés du Kosovo par l’ELK à la fin des bombardements de l’OTAN. Inutile de dire que le Tribunal de La Haye, ce mécanisme de justice du Nouvel Ordre mondial, n’a rien fait pour présenter les auteurs de ces atrocités devant lui.
«Ils devaient le savoir, parce que, sinon, qu’est-ce qui pousserait la Couronne à maintenir une armée dans cette région où il n’y avait rien de valable, sauf un commerce d’opium lucratif ? Il coûtait très cher de maintenir des hommes armés dans un pays si lointain. Sa Majesté a dû se demander pourquoi ces unités militaires étaient là», se demande John Coleman dans Conspirator’s Hierarchy: The Story of the Committee of 300.
Implication des USA dans le trafic de drogues
À la différence de ce que les livres d’histoire nous ont raconté pendant des années, le néfaste trafic de drogues n’est pas l’apanage des criminels, à moins que nous entendions par criminels certaine des familles les plus importantes des États-Unis, connues comme l’establishment libéral de l’Est et dont les membres dirigent ce pays par oligarchie interposée à travers d’un système de gouvernement parallèle connu comme le Club Bilderberg…
Kosovo et l’héroïne
Deux journalistes, Roger Boyes et Eske Wright affirmaient dans un article du Times, de Londres, du 24 mars 1999, que «l’Albanie, qui joue un rôle clef dans le transfert d’argent aux Kosovars, était à l’épicentre du trafic de drogues en Europe.»
L’Albanie est devenue la capitale du crime en Europe. Les groupes les plus puissants du pays sont des criminels organisés qui l’utilisent pour cultiver, traiter et entreposer un gros pourcentage des drogues illégales destinées à l’Europe de l’Ouest.
À suivre demain.
L’ABC du trafic de drogues
L’opium se cultive
dans diverses régions du monde : l’Amérique du Sud, le Triangle
d’Or du Laos, de la Birmanie et de la Thaïlande, l’Afghanistan,
le Pakistan et l’Asie centrale, dans une zone connue comme le
Croissant d’or. La grande majorité des pavots poussent dans une
étroite zone montagneuse de quelque six mille kilomètres qui va
depuis le sud de l’Asie à la Turquie en passant par le Pakistan
et le Laos.
Il est évident que les Bilderberg ne se chargent pas de
transporter personnellement les drogues ni de blanchir l’argent
des profits qu’elles rapportent: la CIA est là pour ça...
…Neil Clark signale ce qui suit : «Soros est furieux, non contre
les objectifs de Bush – étendre la Pax americana et faire en
sorte que le monde soit plus sûr pour des capitalistes mondiaux
comme lui – mais contre la façon grossière et peu intelligente
qu’il emploie pour y parvenir.
Le «Plan Marshall» proposé pour les Balkans est une illusion […] Financé par la Banque mondiale et par la Banque européenne de développement (BED), et par des créanciers privés, il favorisera surtout les entreprises minières, pétrolières et du bâtiment, et gonflera la dette extérieure jusque bien avant dans le troisième millénaire.
L’intervention militaire de l’OTAN
La consolidation du pouvoir de l’OTAN dans le sud de l’Europe et en Méditerranée constitue aussi un pas en avant dans l’élargissement de la sphère d’influence politique du Groupe Bilderberg au-delà des Balkans, vers la Mer Caspienne, l’Asie centrale et l’Asie de l’Ouest.
Le fantôme de Travis
Je reçus dans la
première semaine de novembre 1999 ce qui semblait une carte
postale adressée depuis Ladispol, un petit village de la région
de Lazio, près de Rome, sur la côte méditerranéenne.
C’est le 30 mars 1980 que nous partîmes officiellement d’Union
soviétique. Durant notre séjour en Italie, nous nous installâmes
à Ladispol, un petit village qui serait notre foyer pendant
l’année suivante.
Je descendis dans la rue. Il crachinait. Deux petits enfants,
ravis, sautaient de flaque en flaque, barbotaient, laissant les
empreintes de leurs chaussures sur le trottoir. Je traversais la
rue élégante sous des nuages noirs et ouvrit la porte du bar au
coin de ma rue. 29 novembre 1999. Que diable signifiait tout
ceci ? Je relus le texte : «Je vais très bien. Si seulement tu
étais ici !» Signé : Fachoda. Qui diable était ce type ?
Fachoda n’était pas une personne, mais un endroit ». Je sentis
mon cœur battre la chamade. 29 novembre 1999. […] Je me dressai
soudain sur mon siège. « Fachoda, Travis Read ! »
Travis est un chenapan que j’avais connu à la réunion du Club
Bilderberg à King City, en 1996. Un petit escroc, indiscipliné
et détestable. […] Travis avait tendance à se faire
arrêter et, presque aussi vite, à être relâché.
Comme je le sus plus tard, Travis Read était devenu un
délinquant pour travailler au milieu des délinquants.
On l’envoya au Soudan pour entrer en contact avec des gens qui
travaillaient aussi bien pour la CIA que pour la police
canadienne, la fameuse police montée. […] Les détails de son
voyage au Soudan ne furent jamais révélés, mais, tout comme en
1899, cet endroit délaissé par Dieu attirait les gars les plus
inadéquats pour les motifs les plus adéquats.
Si Travis veut me voir, je vais me retrouver dans de beaux draps
», me dis-je à moi-même.
Je dois dire quand les choses allaient mal, je faisais toujours
confiance aux anciens fonctionnaires soviétiques. Quelque
d’intrinsèque en eux les faisaient se méfier de
l’Occident, si bien qu’ils ne se laissaient pas acheter si
facilement, contrairement à ce que veulent faire croire les
journaux de masse et les dépêches de presse.
Ce n’était pas le type de gens que tu aimerais trahir. Je savais
que j’étais sauf avec eux. Mon grand-père avait risqué sa vie au
début des années 50 pour sauver les vies de leurs pères, agents
du KGB.
Mon portable sonna le 27 novembre, en fin d’après-midi. C’était
Travis. Il était logé dans un taudis de la banlieue romaine.
- Piazza della Reppublica, à 17 h 30 –
l’interrompis-je.
- Les règles, c’est moi qui les fais, vociféra
Travis.
- Tu veux l’information ou non ? demanda
Travis.
- Pas assez pour avoir envie d’être tué !
dis-je froidement.
Travis fit faux-bond. Vers 20 h 30, nous nous dirigeâmes en
vitesse chez lui, si tant qu’on puisse appeler ça comme ça,
pistolet en main. Son taudis d’une pièce était totalement à
l’envers. Et pourtant, pas d’indices de lutte ni de traces de
sang, encore moins son cadavre. Que je sache, on n’a jamais plus
entendu parler de lui.
Le fantôme de Travis hante parfois les recoins les plus secrets
de ma mémoire, un souvenir morbide de la fragilité et de
faillibilité de l’esprit humain».
Voilà comment Estulin conclut son troisième
chapitre.
CHAPITRE 4
Bilderberg et la guerre secrète en Afghanistan
Les causes du
déclenchement des guerres s’ancrent dans l’idéologie que
reflètent les livres de texte : les nations se font la guerre
pendant des périodes terriblement longues à partir de mensonges,
comme l’ont prouvé la Première Guerre mondiale et chacun des
conflits du XXe siècle.
Le fameux historien Edmund Morgan a écrit : « L’histoire ne se
répète jamais. Seuls ceux qui ne connaissent pas les détails
peuvent le supposer ».
Le bassin de la Mer Caspienne et l’Asie centrale sont les clefs
de l’énergie au XXIe siècle. Les deux tiers des réserves de
pétrole se trouvent dans cette région. […] « Les États-Unis
veulent que la région reste absolument sous leur contrôle »,
affirme James Donan dans un article publié le 9 octobre 2001
dans la revue commerciale Oil & Gas Journal.
…Madeleine Abright [alors secrétaire d’État de Clinton et l’une
des responsables de la guerre du Kosovo] conclut que «travailler
pour modeler l’avenir de la région est l’une des choses les plus
passionnantes que nous puissions faire», selon la revue Time de
mai 1998.
La guerre du Golfe a permis au Pentagone d’installer de
nombreuses bases militaires en Arabie saoudite, dans les Émirats
arabes unis et ailleurs.
Comme le prouve le professeur Michel Chossudovsky dans War and
Globalization, l’alliance GUUAM (Géorgie, Ukraine, Ouzbékistan,
Azerbaïdjan, Moldavie) constituée par l’OTAN en 1999, est
au cœur de la richesse en pétrole et gaz de la région caspienne,
mais le pays clef est la Géorgie, un État client des USA, où
Mikhaïl Saakashvili a remplacé à la présidence l’ancien ministre
soviétique des Affaires étrangères, Éduard Chevardnadze à la
suite d’un coup d’État peaufiné par les Étasuniens et présenté
comme une révolte populaire spontanée.
Selon Project Underground […] d’anciens membres des soviets, du
KGB et du Bureau politique profitent de la richesse pétrolière,
aux côtés d’ «une kyrielle formidable de figures importantes de
la Guerre froide, provenant surtout du cabinet de George [H. W.]
Bush». Les joueurs sont d’anciens conseillers de Reagan, de Bush
et de Clinton, comme James Baker III (ancien secrétaire d’État
de Bush père), Dick Cheney (vice-président) et John Sununu
(ancien chef du personnel de la Maison-Blanche).
…Peter Sutherland (de British Petroleum), la reine Elizabeth II
d’Angleterre (actionnaire principale de British Petroleum, tête
du Comité des 300), qui luttent pour contrôler les ressources
pétrolières et les couloirs des oléoducs partant du bassin de la
Mer Caspienne. En 1998, après la réunion secrète du Groupe
Bilderberg en Écosse, j’ai informé dans les médias indépendants
que l’OTAN, suivant les ordres du Club qui l’a fondée, avait
laissé carte blanche à la Russie pour bombarder la Tchétchénie,
sachant que ceci aggraverait encore plus les hostilités entre
ces deux pays dont la haine mutuelle remonte à plus de trois
cents ans.
L’oléoduc afghan n’était pas une simple affaire, mais un facteur
clef d’un ordre du jour géostratégique plus vaste : le contrôle
militaire et économique de toute l’Eurasie (le Moyen-Orient et
les anciens Républiques soviétiques d’Asie centrale). George
Monbiot le confirmait dans The Guardian du 23 octobre 2001 : «
Le pétrole et le gaz n’ont aucune valeur s’ils ne sont pas
transférés. La seule route qui ait un sens aussi bien politique
qu’économique passe par l’Afghanistan…
Après la chute de l’Union soviétique, la compagnie pétrolière
argentine Bridas, dirigée par son ambitieux président, Carlos
Bulgheroni, fut la première à exploiter les gisements de
Turkménistan où se trouve une des plus grandes réserves de gaz
naturel du monde. […] L’Afghanistan est la route la plus courte
vers le golfe pour transporter les ressources gazières du
Turkménistan et de l’Ouzbékistan depuis l’Asie du Nord central
et l’Asie de l’Ouest central.
Au grand dam de Bridas, UNOCAL fit une offre direct aux leaders
régionaux, formant son propre compagnie rivale, dirigée par les
USA, parrainée par Washington, et comprenant Delta Oil d’Arabie
saoudite, aux côtés du prince saoudite Abdullah et du roi Fahd.
Selon Ahmed Rashid, « la véritable influence d’UNOCAL sur les
Talibans se basait sur le fait que son projet avait la
possibilité d’être reconnu par les USA, ce que les Talibans
voulaient absolument s’assurer. » […] Au printemps 1996, des
cadres d’UNOCAL emmenèrent le leader ouzbèk, le général Abdul
Rashid Dostum (un assassin responsable en décembre 2001 du
massacre de Dasht-i-Leili, quand des centaines de prisonniers
talibans furent asphyxiés à dessein dans des conteneurs
métalliques quand des soldats étasuniens et de l’Alliance du
Nord les conduisaient en camion à la prison de Kunduz, en
Afghanistan) à Dallas pour discuter du passage de l’oléoduc à
travers ses territoires du Nord, contrôlés par l’Alliance du
Nord.
La concurrence entre UNOCAL et Bridas, selon Rashid, « commença
à refléter celle qui avait lieu dans la famille royale saoudite
». En 1997, des fonctionnaires talibans voyagèrent à deux
reprises à Washington et à Buenos Aires pour être accueillis par
les deux compagnies.
Une fois de plus, la violence changerait le cours des
événements. En réponse au bombardement des ambassades
étasuniennes de Nairobi et de Tanzanie (attribué à Osama
bin Laden, bien que, selon des sources du renseignement
français, l’attentat avait été l’œuvre de Mossad israélien), le
président Bill Clinton tira des missiles de croisière sur un
magasin vide en Afghanistan et au Soudan, le 20 août 1998,
rompant les relations diplomatiques avec les Talibans auxquels
les Nations Unies imposèrent des sanctions.
Pendant le reste de l’administration Clinton, ni les USA ni
l’ONU ne reconnurent officiellement l’Afghanistan. Et la
question de l’oléoduc ne fit aucun progrès.
C’est alors que George W. Bush entra à la Maison-Blanche.
Dans les derniers mois de l’administration Clinton, les Talibans
étaient officiellement un groupe terroriste. Après presque dix
ans de rivalité féroce entre la société UNOCAL-CentGas
appuyée par les USA, et Bridas d’Argentine, aucune n’avait
obtenu un accord pour construire un oléoduc en Afghanistan. […]
George W. Bush renoua les relations avec les Talibans. Rien
d’étonnant, donc, qu’il se soit rendu en 1998 et en 2000 en
Arabie saoudite au nom du groupe privé Carlyle Group, le onzième
plus gros entrepreneur de la défense aux USA, pour y rencontrer
en privé la famille royale saoudite et la famille d’Osama bin
Laden, selon ce que raconte The Wall Street Journal du 27
septembre 2001.
Recensant l’un des épisodes les plus surréalistes et les plus
kafkaïens des événements préalables au 11-S, The Washington Post
cite Milt Bearden, agent de la CIA, qui aida les moudjahidines
afghans à s’installer, regrettant que les USA n’aient pas pris
le temps d’écouter les Talibans : « Nous n’avons jamais écouté
ce qu’ils tentaient de nous dire. […] Nous ne parlions pas la
même langue. Nous disions : "Livrez-nous Bin Laden", et eux
disaient : "Faites quelque chose pour nous aider à vous le
livrer." » Mais il y a bien plus.
De fait, les relations entre l’administration Bush et le «
terroriste » et leader d’Al Qaeda, Osama bin Laden, ne furent
jamais meilleures.
La preuve que la guerre en Afghanistan mêle la cupidité
multinationale à l’avarice et à la cruauté des grands du pétrole
(BP, Shell, Exxon, Mobil, Chevron, etc.) est tout simplement
irréfutable. On tremble à l’idée qu’un recoin délaissé par Dieu
et contrôlé par des terroristes puisse devenir un endroit où
convergent les intérêts de l’administration Bush, de Bridas,
d’UNOCAL, de la CIA, des Talibans, d’Enron, d’Arabie saoudite,
du Pakistan, de l’Iran, de la Russie et de l’Inde. »
Sous la tête de chapitre Un cow-boy à la Maison-Blanche, Daniel
Estulin écrit:
Bush a constitué son cabinet avec des personnages de l’industrie
énergétique ayant de forts intérêts en Asie centrale (Dick
Cheney, d’Halliburton ; Richard Armitage, d’UNOCAL ; Condoleeza
Rice, de Chevron) et est arrivé au pouvoir grâce à la générosité
des transnationales ayant des droits acquis dans la région comme
Enron.
Voilà des générations que la famille Bush participe à la
politique pétrolière du Moyen-Orient et de l’Asie centrale et
qu’elle a noué de profonds liens avec la famille royale saoudite
et la famille Bin Laden.
Comment les Bilderberg ont déclenché la guerre du Yom Kippur
afin d’internationaliser le pétrole
Les membres du Club Bilderberg ne laissent jamais rien au
hasard. Ils n’œuvrent pas selon des plans quinquennaux. Ils
planifient à plus long terme. Ils préparèrent au début des
années 70 un plan de partage du pétrole qui concernait les USA
et onze autres importants pays industriels, mettant en place un
mécanisme qu’Allen présente comme suit : « Le pétrole produit
aux USA serait, pour la première fois dans l’histoire, partagé
et alloué en cas de nouvel embargo sur le pétrole du
Moyen-Orient. »
Épilogue du chapitre 4:
Le «ballon d’essai» de 1973, préparé par les membres du Club,
prouve clairement que le pétrole sera utilisé comme une arme de
contrôle. Ce qui s’est passé en 1973 «mit la population
étasunienne en état d’alerte et lui fit voir à quel point les
gouvernements étrangers et les transnationales pouvaient exercer
de contrôle sur la nation», écrivit David A. Rivera dans Final
Warning: A History of the New World Order.
Le chapitre 5 aborde les points suivants :
MATRIX : Bases de données et Programme de connaissance totale de
l’information
En règle générale, il est bien plus facile d’obtenir un
accord sans auditoire. Ce n’est pas une manie du secret, mais un
manière d’agir plus efficace » (NEIL KINNOCK, commissaire
de l’Union européenne et membre du Club Bilderberg).
«Le programme de connaissance totale de l’information (Total
Information Awareness, TIA) du Pentagone est un système qui part
d’une phrase codée et implique la dissolution graduelles des
libertés individuelles si prisées aux USA et protégées par la
Constitution, au profit d’un État mondial totalitaire. Le gros
des détails de ce gigantesque système d’espionnage reste un
mystère. Après les attentats du 11 septembre 2001, le TIA est
devenu un réseau de surveillance « représentatif d’une tendance
qui ne cesse de s’accroître aux USA et en Europe : le cours
apparemment inexorable vers une société sous surveillance ».
L’axe principal du réseau de Surveillance totale est une
modalité nouvelle et extraordinaire, appelée « extraction de
données » ou découverte de la connaissance, qui suppose que l’on
extraie automatiquement des informations prophétiques occultes
dans des bases de données.
Dotée d’une capacité sans précédent de traiter des
milliards d’entrées par seconde, Accurint a collecté le plus
gros registre de données de contact accessible au monde.
Accurint cherche plus de 20 milliards de données qui vont depuis
des déménagements récents jusqu’à de vieilles adresses remontant
à plus de trente ans.
…pressés de donner plus d’informations, les responsables de
l’entreprise refusèrent de révéler des détails plus concrets sur
la nature des données et sur leurs sources.
Selon Christopher Calabrese, du Conseil du Programme Technologie
et liberté de l’Union des libertés civiles étasuniennes, «
Matriz… fait de tout Etasunien un suspect ».
Associated Press a révélé qu’en janvier 2003, le
gouverneur de la Floride, Jebb Bush, a informé le vice-président
Dick Cheney, Tom Ridge, qui était sur le point de devenir le
secrétaire du nouveau département de Sécurité nationale, et le
directeur du FBI, Robert Mueller, au sujet d’un programme secret
qui prouverait comment les forces de sécurité pourraient
utiliser un logiciel permettant de capturer des « terroristes ».
Aerolíneas Iberia
Iberia, la principale compagnie aérienne espagnole, a été
accusée de céder des informations confidentielles de ses
passagers au gouvernement des Etats-Unis...´
Les USA obligent les lignes aériennes à fournir des
renseignements sur les voyageurs » (Andy Sullivan, Reuters, 17
de mars de 2004).
De même, la NASA a aussi demandé et reçu des renseignements
confidentiels sur des millions de passagers de Northwest
Airlines, tels que les noms, les adresses, les itinéraires, le
numéro des cartes de crédit, en vue d’une étude similaire
d’extraction de données… des incidents ont provoqué des dizaines
de demandes légales, en violation de sa propre politique.
Northwest Airlines remet à la NASA des renseignements personnels
sur des millions de passagers : cette cession viole la politique
de confidentialité » (Electronic Privacy Information Center, 18
janvier 2004).
Northwest Airlines cède des renseignements sur ses passagers au
gouvernement » (Jon Swartz, USA Today, 19 janvier 2004).
Une tête de chapitre est consacré à :Des détails privés à la vue de tous
Le commissaire Almunia, le président Borrell et le président de
la Commission européenne, José Manuel Barroso, un habitué du
Bilderberg, ont fait une grande campagne en faveur des droits
essentiels prétendument consacrés dans la Constitution
européenne. […] Mais ce que Borrell, Almunia et Barroso n’ont
jamais dit au citoyen européen lambda, c’est que chacun de ces
droits peut être suspendu, au titre de l’article 51, au cas où
l’exigeraient « les intérêts de l’Union ».
Il y a encore beaucoup à dire sur la façon dont la Commission
européenne a trahi honteusement les citoyens d’Europe.
«Contrôle européen des télécommunications: vote au Parlement
européen pour entériner la retenue de données et la surveillance
par les forces de sécurité
Le vote sur la retenue de données du 30 mai 2002 (dans la
législature précédente, le PPE et le PSE cumulèrent à eux deux
526 voix sur 626).
Statewatch et Reporters sans frontières furent les seules
organisations à informer au sujet de décisions qui concernent
des centaines de millions d’Européens.
La grandiloquence et la susceptibilité des socialistes en
matière de droit national et international sont de la comédie.
Le PPE et le PSE ont prouvé par leur alliance au Parlement
européen qu’ils appuyaient les exigences des gouvernements, au
lieu de défendre les gens et les droits des citoyens à la vie
privée et les libertés civiles.
Javier Solana Madariaga, membre clef du Bilderberg, ancien
secrétaire général de l’OTAN et secrétaire général du Conseil de
l’Union européenne/Haut-représentant pour la politique commune
de sécurité et de défense, a pris une décision que la Fédération
internationale des journalistes a qualifiée tout bonnement de «
coup d’État estival ». Rappelle-toi, lecteur, que des
personnages comme Javier Solana ne représente pas tes intérêts
ni ceux de l’Espagne. »
Estulin en donne la preuve ensuite sur seize pages.
Son livre conclut sur une tête de chapitre intitulé : «Ma fin».
La mémoire créatrice est l’opposant le plus subtil de
l’historien. Le prétexte de l’oubli gouverne et déforme tout ce
dont nous décidons de nous souvenir ouvertement. L’existence et
le monde semblent se justifier seulement comme un phénomène
esthétique, ce qui implique non la vie pour la vie, mais un
contraste marquant par rapport à l’interprétation morale de
l’existence et du monde.
Amos Oz, le romancier israélien sans doute le plus connu, a fait
cette remarque : « Là où la guerre s’appelle la paix, là où
l’oppression et la persécution s’appellent la sécurité et
l’assassinat la libération, alors la perversion du langage
précède et prépare la perversion de la vie et de la dignité. En
fin de compte, l’État, le régime, la classe ou les idées restent
tels quels, tandis que la vie humaine se détruit. »
Si la démocratie est le gouvernement du peuple, alors les
objectifs secrets des gouvernements et des groupes de pression
ténébreux sont incompatibles avec la démocratie. L’idée même de
sphères d’influence clandestines au sein du gouvernement
qui orchestre des campagnes secrètes contre l’humanité est par
conséquent étrangère à la notion même de liberté et doit être
combattue avec enthousiasme et détermination si nous ne voulons
pas répéter les erreurs fatales d’une passé encore récent.
Dans une société toujours plus démembrée, certains éléments
permettent de souligner ce que nous partageons, ce que nous
avons en commun, et de le faire directement avec une puissante
intensité. La dignité humaine et une soif véritable de liberté
que l’on comprend à l’instant partout dans le monde et qui n’ont
pas besoin de traduction sont certaines des facteurs les plus
prisés de la tradition universelle. Ils méritent tout notre
soutien.
Finalement, si critiquer les aspects arrogants, insensés et
abusifs de la société totalitaire fait qu’on se moque parfois de
toi et qu’on te taxe d’ »antidote », considère-le comme une
distinction honorable. Graham Greene voyait juste quand il
affirmait : « L’écrivain doit être prêt à changer de camp à tout
moment. Sa mission est de défendre les victimes, les victimes
changent. »
Il consacre finalement huit pages et demie à la mémoire de son
grand-père.
Ce fut la dernière fois que je le vis vivant. Un vieillard de
complexion normale, âge de quatre-vingt-seize ans, assis sur un
divan défoncé, regardant à travers des lunettes énormes, me
suivant du regard mais incapable de me reconnaître. Il était
vivant parce qu’il bougeait et parlait, ou plutôt parce qu’il
faisait un effort surhumain pour enlacer les lettres qui se
répandaient dans les recoins les plus cachés du peu de
conscience qu’il lui restait et qui se refusaient avec
entêtement à s’unir pour former des syntagmes cohérents. Dans
les derniers mois de sa longue vie, mon grand-père, quelqu’un
qui s’exprimait avec aisance et que ravissaient l’humour et le
débat, n’avait littéralement plus de mots. Dans une sorte de
cruauté finale, le cancer lui avait volé le langage avant de lui
voler la vie.
Mon billet d’avion de retour en Espagne à la main, je passai
chez lui pour faire mes adieux. À ma dernière visite, nous ne
nous dîmes pas grand-chose. Je ne trouvais pas les mots
appropriés. J’avais le souffle court et j’avais du mal à
respirer, parce que je savais que je ne le verrais jamais plus.
« Adieu » est un mot trop simple et trop atroce.
Sur la table du séjour, appuyé au mur, il y avait une photo de
mes grands-parents prise juste après leur arrivée au Canada en
1983. Ma grand-mère était décédée un peu plus d’un an avant. Mon
grand-père, alors gravement malade, ne se récupéra jamais de la
perte de quelqu’un qu’il avait profondément aimé pendant plus de
quarante ans.
M’efforçant par tous les moyens de ne pas éclater en sanglots,
je continue de me rappeler à moi-même que ces pages-ci sont
écrites pour revendiquer l’honnêteté face à la cruauté et à
l’opportunisme. Leur thème principal n’est pas la politique ni
même une critique ouverte du totalitarisme, mais plutôt les
battements du cœur d’un homme, et c’est pourquoi je lui rends
hommage. C’est ainsi qu’on doit les lire.
La mort clinique de mon grand-père fut établie le 18 avril 1995.
Censément la dernière après-midi où il avait encore été
lui-même, comme l’affirma Auden au sujet du jour où mourut Yeats
: « Il se transforma en ses admirateurs. » Il se transforma en
un souvenir, il disparut dans les profondeurs de son nom. C’est
là l’un des mystères de la mort, qui devrait supposer une minime
différence pour tous, sauf pour les proches.
Comme chacun de nous, les gens meurent au moins deux fois :
physiquement et conceptuellement. Quand le cœur cesse de battre
et quand l’oubli commence. Les plus chanceux, les plus grands
sont ceux pour lesquels la second mort retarde considérablement,
voire indéfiniment… Des appels parvinrent de tous les pays et
des recoins les plus inimaginables de la planète, en hommage à
l’admiration infinie que mon grand-père, un ancien agent du
contre-espionnage du KGB, avait inspirée aux personnes sur la
vie desquelles il avait influé.
Son grand-père avait été un soldat du rang. Il avait passé
vingt-cinq ans de sa vie à défendre l’empire tsariste, Alexandre
II et Alexandre III. Mon grand-père avait suivi la tradition
familiale : la vie militaire. Il avait participé à la
Révolution, à la guerre civile russe et aux deux guerres
mondiales. Tandis qu’il défendait Minsk dans les premières
semaines de la Seconde Guerre mondiale, toute sa famille – onze
frères et sœurs, son père, sa mère et une grand-mère de cent
quatre ans – fut exterminée par les nazis à Karasy-Bazar, en
Crimée.
Il vivait pour de vrai. Il ne se contentait pas de vivre.
Mon grand-père s’était marié en 1930. Il avait eu trois enfants.
Et la guerre arriva. Il se battit en Biélorussie, défendit
Brest, mais il fut obligé de se retirer avec ce qu’il restait de
l’Armée rouge devant l’avancée allemande. À un moment donné, à
cause du chaos, il perdit la trace de sa famille. Une mère et
trois enfants de huit, cinq et trois ans, ne pouvaient pas aller
aussi vite que l’Armée rouge ou les soldats nazis. Ils furent
capturés par les nazis, envoyés en camp de concentration et
exterminés.
La Deuxième Guerre mondiale, comme je le prouve dans ce livre et
comme je l’ai largement démontré dans mon premier ouvrage sur le
Club Bilderberg, fut astucieusement financée par les
Rockefeller, les Loeb et les Warberg. Le prince Bernhard,
fondateur du Club Bilderberg, était aussi impliqué. Il était
nazi. La majorité de la famille royale britannique sympathisait
avec les nazis, de même que celle de l’establishment «libéral»
de l’Est des États-Unis, dont la vie économique, politique et
sociale est dominée par cette pieuvre ploutocratique. Hitler, la
bête, fut créée par ceux-là même qui assistent aujourd’hui en
secret aux réunions du Club Bilderberg, du CFR et de la
Commission Trilatérale. Pour ces gens-là, l’Histoire est un
tableau blanc sur lequel on défèque malgré l’angoisse des
autres. Peut-on m’accuser de mépriser autant les Bilderberg et
leurs homologues ?
Dans mon cas, mon grand-père reste ma clef de voûte, mon
compagnon de voyage, même après sa mort. Il est aussi absent que
présent.
Le temps et l’espace, les trucs du monde blessé partout, le tas
de résidus que nous appelons Histoire, qui représentent aussi
ses succès. Ce sont ses succès. Tout comme le temps, ils
conservent la magie qui le fit disparaître.
«Je me souviens de lui surtout à son anniversaire. Mais cette
année-ci est différente pour moi. L’âge est une accumulation de
vie et de perte. L’âge adulte est une série de lignes qui se
croisent. J’ai franchi un seuil. Dorénavant, je suis seul… »
J’ai recueilli dans la seconde partie de ces Réflexions une
grande quantité de lignes finales. Elles expliquent son mépris
pour l’odieuse institution du Club Bilderberg.
Il est terrible de penser que les intelligences et les
sentiments des enfants et des jeunes des États-Unis sont mutilés
de la sorte.
Il faut se battre dès aujourd’hui pour éviter qu’ils ne soient
conduits à une hécatombe nucléaire, qu’ils puissent retrouver
dans la mesure du possible leur santé physique et mentale et
inventer les façons dont les êtres humains seront libérés à
jamais d’une si terrible destinée.
FIN