HOMMAGE À PIERRE DUHAMEL
Je dois m’expliquer. Je
désirais écrire un article sur Léo-Paul Lauzon, un économiste
qui prête sa plume au quotidien montréalais Métro et au mensuel
l’Aut’journal. Avant de me mettre au travail, j’ai regardé
Complot mortel (1997) un suspense qui traite du programme MK
ULTRA qui aurait permis de fabriquer des tueurs
programmés. Fletcher, le héros du film campé par Mel Gibson,
cite en exemple ces deux assassins ayant un nom composé: Mark
David Chapman et Lee Harvey Oswald. Si ma mémoire ne me trompe
pas, le premier aurait assassiné Stuart Sutcliffe, le guitariste
de Beatles tombé le 10 avril 1962 devant sa résidence de Minsk
en Russie. Le deuxième aurait tué Bob Kennedy le 6 juin 1968.
Pour cette raison, j’ai décidé de me ternir loin de Léo-Paul
Lauzon, un économiste qui porte aussi un nom composé. À la
place, je rends hommage au plus brillant économiste du Québec,
le seul et l’unique Pierre Duhamel.
Pierre Duhamel
Journaliste depuis 30 ans, Pierre Duhamel a occupé le poste de rédacteur en chef du magazine Affaires PLUS (1990 à 1997), de Sport Magazine (1995), de la revue Commerce (1997-1998), de directeur général (1997-2005) et éditeur des magazines d’affaires de Transcontinental et collaborateur avec Stéphane Bureau. En 2006, il devient même chroniqueur à L’actualité et rédacteur en chef du magazine Montréal Centre-Ville, en collaboration avec les Publications TVA pour enfin se retrouver au Journal de Montréal et au 24 Heures. Ajoutons que Duhamel est un sage ouvert sur le monde et son histoire, un philosophe bon enfant qui réfléchit sur l’économie en faisant souvent preuve d’un courage exemplaire. Pour le démontrer, dans le texte Les mineurs de l’économie il se relève les manches sans pudicité et attache ses gants de boxe pour traiter objectivement du développement gazier et de l’exploitation d’uraniums du Plan Nord du gouvernement du Québec. Les coups sont forts et précis. Il frappe sur les gauchistes et anarchistes qui «inventent des scénarios catastrophiques pour empêcher l’exploitation des forêts, le développement de nos ressources minières, la construction de nouveaux barrages électriques et tuer dans l’oeuf toute possibilité de développement gazier ou pétrolier au Québec». Pour les ripostes de ses opposants, dont Sept-Îles sans uranium (SISUR), il les arrête rapidement en disant ceci: «il faudrait dire non, car la ville entière pourrait être atteinte du cancer d’ici peu». Il ajoute ensuite ce puissant crochet de droite: «les écolos et leurs nouveaux amis de Québec solidaire ont établi leur fonds de commerce sur deux immenses mensonges. Le premier, c’est que la vie était plus propre, plus pure, plus «naturelle» avant de développement du capitalisme. Le deuxième, c’est que le progrès économique engendré par ce système serait en train de ruiner la planète». André Duhamel knockoute ensuite l’adversaire en ajoutant que peu importe la croissance et les projets, les arguments des écolos se résument par ces mots: «c’est toujours dangereux et ce n’est jamais nécessaire. Selon eux, le Québec pourrait se passer de milliards de dollars d’investissements et les régions pourraient bien perdre des milliers d’emplois. Tout cela ne serait pas grave, car il suffit ultimement de changer notre mode de vie…»
Un délicieux salami
Enfin un économiste qui boxe avec les mots. Un chevalier dont la plume acérée comme un glaive sépare la vérité du mensonge, comme un boucher tranche un délicieux salami au poivre pour nourrir notre esprit. Enfin la vérité. Dans «le bon vieux temps», tous les égouts de Montréal se jetaient dans le fleuve St-Laurent ou la rivière des Prairies […] les conditions d’hygiène étaient misérables.» Il ajoute que «Roy Dupuis […] doit bien se souvenir des conditions de vie épouvantables relatées dans le film Un homme est son péché de Charles Binamé.» De son épée, il nous signifie enfin ces grandes vérités: «Les temps ont changé parce que l’économie s’est développée […] Grâce au progrès et ce qu’il implique (le pétrole, les métaux, l’électricité, l’industrialisation), les gens sont mieux nourris, mieux logés, plus en santé que jamais ils ne l’ont été dans l’histoire de l’humanité, et ce, à peu près partout dans le monde. Enfin, il libère quelques mots incontournables et nous disant ceci: il y en a pendant ce temps qui tentent de nous faire croire que le développement économique constitue une menace à la vie humaine.»
Alex Jones de WD-40
Devant cette victoire de Duhamel, Alex Jones, le chanteur et bassiste des WD-40, dirait qu’il est un «Fantastik Strapagosse» pour traduire cette rare qualité d’utiliser ses couilles pour parler au peuple, avec le peuple. Pour nous dire que nous travaillons à la construction d’un monde meilleur et que nous ne commencerons pas à tout remettre en question pour des pleutres qui craignent les roches, la radioactivité et le gaz naturel. Bref, qu’un peu plus de pollution et de radiation se révèle moins grave pour les générations à venir que de payer sa caisse de Molbatt Bleu-Dry avec sa carte de crédit.
Les communistes
Nikita Croûte-Chef, soulier à la main, répétant le mot «niet» (non) qu'il a entendu dans une chanson de Nina Hagen
Pierre Duhamel n’est pas parfait pour autant. Lorsqu’il associe le progrès au développement du capitalisme, il omet de préciser que le communisme a aussi engendré du progrès. Par sa grande ambition de déstaliniser l’URSS, Nikita Croûte-Chef, l’ancien cuisinier de Staline ou de John Lennine, je ne me souviens plus, a stimulé la conquête de l’espace au point d’intimider les États-Unis. Mais encore, alors que des politiciens ressemblent de plus en plus à des Monsieurs Net qui voient de la propreté partout, du pétrole au gaz, du nucléaire au financement de la caisse de leur parti, Croûte-Chef campait courageusement le sale rôle de Monsieur Niet (Monsieur Non) en utilisant son véto pour dire NON à des mesures rétrogrades de l’ONU et des États-Unis. La raison? Il vouait un culte au progrès rapide afin de transformer le peuple et le territoire de l’URSS avec plus d’ampleur que les pays capitalistes. Son héritage nous marque encore aujourd’hui. Sept ans après l’accident de la centrale nucléaire de Three Miles Island du 28 mars 1979, l’URSS répliquait avec le grandiloquent Tcherno Bill. C’est non seulement un succès foudroyant, mais lors de la tournée mondiale de ce gaz radioactif, l’URSS bat le succès Bungalow Bill des Beatles (1968) en reproduisant les évanouissements hystériques. Parmi les victimes de cette nouvelle beatlesmania, se retrouvent même des Français aux prises avec un cancer de la glande thyroïde.
Amir Kadhir: Il se retrouvait sur la liste des victimes de la purge de la Révolution rouge
En évitant de parler du communisme, Pierre s’est aussi coupé de cette chance de dire que les gens qui ressemblaient le plus à nos écologistes, aux membres de Québec solidaire et à Amir Khadir (député qui menace notre démocratie en posant des questions lors des assemblées parlementaires, alors que son rôle consiste à donner un signe de présence avant les élections ou à changer de parti lorsqu’il risque la défaite) se retrouvaient généralement sur la liste de la grande purge de la Révolution rouge.
Le monde a changé. Aujourd’hui, nous organisons des commissions du BAPE pour les écouter. Pierre Duhamel sera certainement d’accord avec moi. Nous devons dire «NIET» au BAPE, car il tue l’œuf de la grande révolution rouge québécoise. Évitons du même coup de travestir la vérité: Nikita Croûte-Chef s’est aussi buté à des manifestations, dont celle de paysans en colère. Pour répondre, il n’a pas organisé un comité d’étude, mais a plutôt lancé son armée. Est-il possible que notre gouvernement du Québec puisse faire la même chose que Croûte-Chef pour servir le progrès?
Non à la nationalisation
Après la lecture du texte Les mineurs de l’économie, je me dis qu’il serait temps que le bras armé du Québec serve les intérêts de la nation. Sinon, des gens risquent de nous entraîner sur le chemin dangereux de la nationalisation des mines et du gaz, avec un prix énorme pour le payeur d’impôt. J’explique ma position. Selon Daniel Breton et André Bélisle, en Pennsylvanie il y aurait eu, en 18 mois, «1435 infractions diverses, dont 952 à caractère écologique» dans le domaine de l’exploitation gazière. Si ces mêmes contaminations se découvraient au Québec lors d’exploitations par le privé, le gouvernement pourrait exiger le paiement d’une amende de 50,000 $ pour une première infraction qui tomberait dans les coffres de l’État, un peu moins si l’entreprise offre des dons au parti. Si cette fois c’était le gouvernement qui oeuvrerait à cette exploitation, nous serions collectivement obligés de payer la facture des décontaminations; plusieurs millions de $ par effraction quittant le coffre de l’État — nos poches — encore plus si l’assainissement est l’œuvre d’une entreprise qui donne à la caisse du PLQ. Le choix est donc simple. Pour la santé de notre économie, nous devons éviter la nationalisation.
Non aux scandales et aux comparaisons
Mais encore, il faudrait arrêter de nous comparer aux autres. Est-ce nécessaire que Le Devoir publie la lettre de Daniel Breton et André Beslile pour nous crier que «la Colombie-Britannique a reçu 1000 fois plus d’argent pour les droits» d’exploitations «(3,5 milliards de dollars) que Québec (3,6 millions de dollars) en 2008 et 2009», alors que des femmes sont battues, que des enfants jeûnent dans des écoles et que la nouvelle saison qui débute à TVA semble très intéressante? Niet…
Paul Desmarais regarde ce qu'il peut bien y avoir à lire à l'extrême droite de la page
Il faut aussi privilégier ceux qui aiment l’argent et savent la multiplier. Cela veut dire que nous devons aussi avoir le courage d’éviter les scandales. Malheureusement, des journalistes dérogent à ce besoin. C’est le cas d’Alec Castonguay. Dans son texte Affaire Woerth-Bettencourt: des ramifications jusqu’au Québec paru dans Le Devoir du 24 août 2010, la mauvaise langue étend un mensonge provenant d’une «enquête de la radio France Inter» qui aurait mêlé le ministre du Travail Éric Woerth et Liliane Bettencourt à une histoire d’évasion fiscale devenue «l’affaire Woerth-Bettencourt». Dans le décor du théâtre de l’absurde, se retrouverait Éric de Sérigny. Ce «conseiller bénévole d’Éric Woerth serait un banquier et administrateur de société qui organise des rencontres entre le ministre Woerth, des chefs d’entreprises et des barons de la finance». Autre ragot. Il serait aussi l’ami de Patrice de Maistre au point de soutenir sa candidature à la Légion d’honneur remise, en 2007, des mains de Woerth. De Maistre est aussi le gestionnaire de patrimoine de Bettencourt, une grande donatrice (illégale) de l’UMP de Sarkozy, celui qui embauche, en septembre 2007, Florence Woerth pour répondre aux demandes de son mari Éric. De Sérigny occuperait aussi un poste au «conseil d’administration de la minière Imerys» et l’ancien «gendre de Paul Desmarais» de Power Corporation.
Ces inventions de Castonguay pourraient nous suggérer que Imerys devrait se retrouver dans la prospection minière québécoise. Si c’était le cas, nous pourrions nous réjouir collectivement. Le principal actionnaire de Imerys est Pargesa une entreprise dont 50 % des actions sont détenue par la Québécoise Power Corporation et l’autre 50 % par Albert Frère, le copain belge de Paul Desmarais. Deux amis qui oeuvrent aussi dans le pétrole (Gaz de France).
Les héros du peuple
Une marmotte le 2 février 2009
Que conclure? Non seulement Alec
Castonguay manque de sérieux en attaquant des gens riches qui ne
possèdent aucune tare que nous retrouvons chez les écolos
anarchistes, mais il frappe en plus sur des héros contemporains.
Pour le souligner, le 10 février 2008, Nicolas Sarkozy
honore Paul Desmarais du titre de grand-croix de la Légion
d’honneur alors qu’Albert Frère reçoit la Légion d’honneur.
Arrive le 2 février 2009, jour de la marmotte. John James
Charest (le vrai nom de notre premier ministre) récolte à
son tour la Légion d’honneur des mains de Sarkosy, sous le
regard attendri de Paul Desmarais et du maire de Québec Régis
Lebeaume.
Une photo de Toxi tôt le matin
À eux seuls, ces grands évènements devraient éveiller en nous un besoin de nous dépasser pour obtenir la même décoration. Je souhaite de tout cœur que Pierre Duhamel puisse la recevoir avant Gilbert Rozon. Par contre, je crois qu’il devra améliorer ces citations culturelles. «Roy Dupuis» et «Un homme est son péché», n’honorent pas sa rhétorique. S’il m’avait consulté, je lui aurais fait connaître The Toxic Avenger (Toxique le ravageur), une œuvre (1985) de Micheal Herz et Lloyd Kaufman qui devrait lui plaire pour cette raison: ce long métrage fut tourné avec un budget de 500,000 $, sans aucune subvention. Il pourrait aussi titiller l’imagination de ceux qui rêvent, comme moi, d’une intervention militaire pour remettre le Québec à l’heure du progrès. Pourquoi? Toxique le ravageur démontre que les déchets toxiques peuvent transformer en héros un individu médiocre et sans avenir. C’est le cas de Melvin. Ce concierge frisé et chétif, devenu la risée des clients d’un centre de conditionnement physique de Tromaville, se métamorphose soudainement en héros musclé (Toxi) après une chute dans un baril de matières radioactives.
Melvin ne peut cacher son bonheur lors de son élection à la tête de Tromaville en avril 2003
Mais attention! Ne comparons pas Melvin à James John Charest pour affirmer que le Plan du Nord symbolise le gros baril qui donnerait des muscles au premier ministre en manque de popularité. Toxi arrache à main nue la tête et les bras de malfaiteurs. John James se sert d’avocats. Toxi vit avec une femme qui n’a aucune chance de réussir sa vie pour ces raisons: elle est aveugle et blonde. John James ne vivrait plus avec sa douce Michou. Alors que John James lance un programme de fertilisation in vitro pour aider à reproduire ce que la nature ne permet pas, la copine de Toxi accouche de jumeaux monstrueux (le quatrième film) sans le moindre soutien de l’État. Malgré ces petites différences, Toxi et John James se complètent dans le dossier de la construction. Les deux n’ont aucun intérêt pour le logement social. Toxi préfère vivre au dépotoir de Tromaville.
Sur ces mots, Pierre Duhamel doit savoir que le progrès n’est pas synonyme d’une élimination des taudis et de la pauvreté. Le progrès veut simplement dire que nous possédons les moyens pour le faire, mais qu’à la place de donner à des pauvres qui ne savent pas gérer leurs biens, nous donnons à des entreprises qui opèrent des prodiges pour optimiser les gains. Cela veut aussi dire que si un jour, un vengeur toxique se découvrait par les effets du progrès, notre rôle est de s’assurer qu’il puisse avoir des têtes à arracher dans sa lutte contre le mal. Heureusement pour Pierre Duhamel, moi-même et les disciples de Croûte-Chef, notre société nous offre de nombreuses personnes qui possèdent des prénoms composés pour projeter de l’ombre aux autres qui décomposent notre société. Je crois que c’est un peu ce que voulait affirmer Pierre Duhamel en évitant de répéter le même discours que Léo-Paul Lauzon afin de combattre le mal des écolos et soulager John Melvin Charest des petites moqueries en attendant qu’il devienne notre héros à tous. Bref, je me permets de terminer par ce petit résumé de son texte: Développons. C’est le progrès. Polluons. C’est le prix du progrès. Remplissons des milliers de barils de déchets toxiques. Le progrès crée des déjections qu’il faut isoler lorsque nous ne pouvons pas les ignorer. Et un jour, notre Melvin national pourra devenir un justicier musclé pour le mieux-être des citoyens anglophones de Tromaville, notre petit Québec en mutation.
Soyons patients.